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Hermès
est certainement le dieu de l'Olympe offrant le plus de réflexions
diverses, d'interprétations et de développements philosophiques
pour les mythologues, les hymnologues, les poètes.
Mario
MEUNIER dans "La légende dorée des dieux et des héros",
chez Albin MICHEL, explique comment les Grecs imaginaient la présence
d'Hermès dans les phénomènes naturels.
Hermès,
chanteur et musicien est le dieu du vent; il chante dans les roseaux et
siffle dans les branches, il est le vent musicien. Il souffle dans les
voiles des bateaux de ses amis les commerçants. Au moment du trépas,
il est le psychopompe qui recueille le souffle de notre âme quand
elle s'élève pour la conduire avec sa baguette d'or jusqu'aux
juges suprèmes des enfers. Il circule comme un courant d'air; un
silence, et les grecs disaient, "un Hermès passe", comme
nous disons aujourd'hui un ange est passé !
D'après
Meunier, les nuages sont les boeufs divins d'Apollon que le vent apporte
pour déverser la pluie bienfaitrice. Alors que le soleil, Apollon,
les reprend pour les retourner dans les prairies célestes.
Jean
Paul VERNANT dans son livre: "Mythe et pensée chez les Grecs",
définit la complémentarité du couple, Hermès-Hestia,
présent dans les maisons. "Hestia, déesse du foyer,
restée vierge, représente le clos, le dedans, le trône.
Hermès est le contraire, il est le gardien tourné vers l'extérieur.
Sa place est à la porte, protégeant le seuil, repoussant
les voleurs, parce qu'il est lui-même un voleur, (Hermès
le brigand, le rodeur de portes...)"
"L'Hermès de l'échange prend place là où
il y a changement : serrure, porte, mais aussi mariage, voyage, langage."
Dieu
de l'éloquence, il est responsable du langage double, de la langue
de bois, du désordre règlé.
Flammarion
explique remarquablement dans son diction-naire des mythologies, comment
avec son vol des génisses d'Apollon, Hermès aima servir
les humains pour devenir leur ami.
La
stratégie d'Hermès est déterminante dans le changement
de statut de ces vaches "humanisés"; "ce troupeau
est un bien divin remis en circulation que son propriétaire Apollon
ne pourra plus thésauriser et conserver dans son immobilité
divine initiale."
Ces
divines vaches ne donnaient pas de lait, elles étaient comme dans
une vitrine et ne servaient à aucun mortel. Grâce à
Hermès, elles peuvent se reproduire, se multiplier et devenir des
bovins de production de viande. Le voleur est donc parfois nécessaire
au progrès humain.
Où
le libre échange n'existe pas, où le peuple est frustré
des progrès technologiques de la communication pour des raisons
de sécurité; le marché noir est moral, parce que
les biens de ce monde ne doivent pas appartenir seulement au pouvoir et
à son oligarchie.
Plus subtilement il en est de même d'une entreprise mise en faillite.
Bien souvent, elle tombe dans les mains des voleurs. Ils dénouent
la tragédie en achetant l'affaire un franc symbolique pour que
les honnêtes gens s'en débarrassent!
Les
développements en France du scandale de Panama en sont un remarquable
exemple. En 1889, la compagnie française du canal de Panama sous
la houlette de Ferdinand de Lesseps est dans l'impasse à cause
des difficultés du terrain, du choix d'un canal à niveau
sans écluses, de la fièvre jaune décimant les ingénieurs
et les ouvriers. Le gouvernement français pour sauver les grands
investisseurs de notre pays, pris dans cette mauvaise opération,
n'a pas hésité à vendre contre de l'or des obligations
aux petits épargnants de France. En 1892, après une publicité
mensongère où se compromirent Clemenceau et de nombreux
parlementaires de gauche, la faillite fut déclarée quand
l'opération vente fut terminée, les acheteurs se retrouvèrent
ruinés. Ils avaient donné leurs économies en or pour
sauver les entrepreneurs et peut-être le franc d'une grave dévaluation.
Pour
gagner, au mieux encore quelque argent, un homme d'affaire français,
d'origine italienne, Philippe BUNEAU VARILLA vendit lâchement aux
américains la concession du canal, en 1902. L'année suivante,
ces derniers créaient l'état du Panama en donnant l'indépendance
à cette province de la Colombie, et treize ans plus tard après
avoir découvert la quinine, ils terminaient la construction de
la voie interocéanique.
Voilà
perdu un peu d'or de France, il donna naissance à une nation, à
un drapeau aux mêmes couleurs que notre pays, et à une belle
réalisation en Amérique, de là, d'où venait
l'or. Panama jusqu'à ce jour a connu une prospérité
inégalée et le plus haut PNB du continent jusqu'à
hier. Le sentiment anti-américain que l'on veut prêter à
ce pays est à nuancer, le petit peuple ne le partage pas. Il est
d'un bon sens remarquable, certainement très américanisé
par les biens de consommation dont il jouit sans vergogne, mais très
indépendant culturellement. Au contraire son folklore a gagné
en couleur, ce n'est pas dans ce pays que l'on entendra un air de hard
rock à la radio! C'est paradoxale, surtout que quand on sait qu'à
Cuba dans les années soixante-dix, il s'écoutait beaucoup
de rock russe faute de ne pouvoir écouter du roch américain.
Un tel constat donne à réfléchir.
Pour
les Panaméens, les Américains ont une chose de bien : le
dollar. Ils le savent et ils aiment le dire. Le petit épargnant
péruvien, bolivien, argentin, qui connaît une dévaluation
chronique de sa monnaie fait tout pour se procurer des billets verts qu'il
se garde bien de mettre à la banque, même s'il ne touche
pas d'intérêt en les cachant sous son matelas.
Le
Tiers Monde est en faillite, les investisseurs honnêtes le fuient,
ils y perdraient leur âme, tant le commerce est devenu occulte.
Qui se risque encore en Afrique ? Des Hindous, de courageux Libanais,
des Grecs et quelques Portugais. Et en Amérique du Sud: la bourgeoisie
latino-américaine. Elle vit entre les deux continents grâce
au pouvoir de l'argent, comme d'autres ont besoin d'un "masque blanc
de culture" pour vivre à Paris. Les riches Latino-américains
ont une position prospère et agréable aux Etats Unis, ils
ont droit à la résidence, bien souvent à la double
nationalité. Rien ne les oblige à se rendre dans le Cône
Sud, pourtant ils y vont pour développer des activités autres
que le trafic de la drogue et ne pas laisser leur pays d'origine dans
un total abandon. Certes, ils le font pour du profit, mais aussi parce
qu'ils sont attachés à leur latinité, comme d'autres
le sont à leur négritude. Ils aiment prendre l'avion, avoir
une dimension internationale, passer de nombreux mois dans leur pays maternel
en alternance avec Los Angeles, New York, et Miami.
Dans
les grandes capitales latino-américaines où ils se retrouvent,
les fêtes et les affaires vont bon train, les opportunités
ne manquent. Ils sont bien souvent le relais discret et tout trouvé
des affairistes nord-américains qui répugnent à se
risquer à vivre dans ces pays de métis.
Le
lendemain, le "quadruple examen" de la situation de tous les
compères, des amis, et du peuple, entraîne tout le monde
dans une sainte corruption legbanienne bien compréhensible et justifiable.
Hormis
le trafic criminel de la cocaïne, les exigences d'honnêteté,
aux relents jansénistes, des Européens, sont détestables
et mal venues. Leur sens de la justice, leurs condamnations, où
ils se complaisent, se blanchissent, et justifient leur abandon du Tiers
Monde, est une preuve de leur incompréhension de la négritude.
Atteints d'amnésie envers leurs propres histoires, ils prennent
un malsain plaisir à commenter et faire des gorges chaudes des
malheurs africains. Ce sont des saint'ni-touches, et des Tartuffes.
Mieux
que de pardonner chrétiennement et d'abandonner à ses péchés
le Legba africain, si nous l'auscultions comme dans une cérémonie
vaudou pour parfaitement le connaître, le dénoncer, et le
contourner, quand nous nous investissons pour la cause de Hogou ?
La
chevauchée dans le Tiers Monde sur le cheval blanc de Saint Jacques
est certes aussi périlleuse et aventureuse qu'un Paris-Dakar aveuglé
par le terrible vent sahélien de l'Harmattan.
L'Harmattan
existe à cause du désert. Il témoigne des difficultés
de la lutte contre la sécheresse. Il est le plus triste des Legba.
Il souffle plus le sable des génies de la mort, que des nuages.
Il draine plus de poussières polluantes et de bronchites, que de
la pluie. Il étend un peu plus le manteau du désert sur
les vertes vallées tropicales de la Côte d'Or et d'Ivoire,
dans le commerce destructeur de la forêt.
Sinistre
Legba du commerce des armes contre celui des arbres, Belzébuth
de l'impérialisme militaire et capitaliste, de la révolution
marxiste, du "GOU du fer" réduit en poussière,
ce génie souffle de très mauvaise idéologie.
En
84 à Ouagadougou, le lendemain du décès de Iouri
Andropov, Président du Praesidium du Soviet suprême, Sankara
et les siens, tinrent une si funeste veillée funèbre, que,
le lendemain à huit heures du matin, l'Harmattan souffla tant de
sable de satisfaction, que le ciel s'obscurcit jusqu'à faire revenir
la nuit, et déposa un centimètre de poussière sur
les tables des écoliers. Comme quoi l'harmattan est l'Hermès
de la politique de la mort de l'Afrique, et ne peut plus rendre compte,
déjà depuis bien long-temps, de l'atmosphère d'une
magie bleue du ciel.
Où
sont donc les belles vaches grasses (en)volées par le vent Hermès
pour les hommes? L'histoire raconte qu'Apollon nous les a laissées
contre l'art de la musique. Ces vaches faméliques, vaguant dans
le Sahel et gardée par les Peuls, seraient-elles une partie du
troupeau?
Si
on se pique d'Hindouisme, une raison de plus de reverdir le pourtour du
désert pour redonner leur rondeur à ces "mami-sphères",
et procurer du bonheur au fils d'Hermès: PAN. Il oubliera les champs
de rocailles des chèvres pour les vaches de ce petit dieu hindou
entouré de ses paons (pan), et d'une si belle végétation.
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